Une œuvre sur 33 années, L’incroyable histoire du facteur Cheval
J’ai regardé hier soir le film de Nils Tavernier, L’INCROYABLE HISTOIRE DU FACTEUR CHEVAL, qui relate l’histoire de Joseph Ferdinand Cheval, à la fin du XIXème siècle, facteur rural qui, inspiré par la nature au cours de ses longues tournées, a employé 33 années de sa vie à construire son « Palais Idéal ». Il a ainsi créé par la seule force de son imagination une merveille d’art brut.
« 1879-1912, 10 mille journées, 93 mille heures, 33 ans d’épreuves », au fil du temps et des années, Jacques Gamblin qui joue le facteur Cheval, apparaît de plus en plus vieilli, épuisé. Il poursuit cependant son œuvre tant que celle-ci l’habite. Après le palais, il construira ainsi le « Tombeau du silence et du repos sans fin » où il repose.
Quand considère t’on qu’une œuvre est terminée?
La question suivante m’est donc venue : quand considère t’on qu’une œuvre est terminée ?
Je peux passer un temps infini sur un tableau. Tant que celui-ci m’habite et me rappelle, j’y retourne. Il m’arrive parfois d’avoir envie de reprendre un tableau que j’ai signé, verni, encadré, accroché. C’est tentant… Je changerais bien une couleur, ajouterais une ombre, un trait ! Mais je me suis fixé une règle : s’il est encadré, je n’y touche plus. Oeuvre achevée!
A côté de cela, certains tableaux ne seront jamais terminés. J’ai ainsi des dizaines de toiles débutées mais en déshérence que j’hésite à recouvrir de Gesso*. Pour certaines, j’ai sauté, le pas ; elles ont retrouvé leur blancheur d’origine, prêtes pour d’autres projets. D’autres attendent encore. Et parfois, au milieu de la nuit, sous ma douche (😊) ou au cours d’une balade, une idée me vient. Et la toile reprend vie. Sauvée ? Au moins pour quelques temps.
Le cerveau est étonnant, fait des rapprochements et est capable de fulgurances qui font avancer nos projets. Mais pour cela, il faut lâcher prise, laisser de l’espace et du temps… parfois beaucoup de temps.
Joseph Ferdinand Cheval a inscrit sur l’un des murs de son palais : « C’est de l’Art, c’est du rêve, c’est de l’énergie ». Je pense également que la création est énergie, qui va et vient. Parfois tellement puissante que vous êtes absorbé et parfois absente. L’œuvre décide, vous habite et vous tient jusqu’à ce que l’énergie se tarisse et que le calme revienne.
Amis créatifs, qu’en pensez-vous ? Comment mettez vous un point final à une œuvre ?
N.B :
Pour plus d’information sur l’œuvre du facteur Cheval : http://www.facteurcheval.com/
* Le Gesso, fait référence à un apprêt synthétique, utilisable sur supports divers (bois, carton, toile). Cet enduit permet de rendre la surface plus lisse, plus adhérente, tout en réduisant l’absorption de la peinture par le support. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gesso