Je viens de débuter un nouveau tableau qui m’amène à réfléchir sur la lenteur et la persévérance nécessaire pour faire aboutir un sujet.

Nicolas Boileau dans L’Art poétique (1674) écrivait : « Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : polissez-le sans cesse et le repolissez ; ajouter quelquefois, et souvent effacez. »

J’ai toujours aimé cette citation. Le « Hatez-vous lentement » me fait sourire.

Certains artistes travaillent dans l’instantanéité. Ce n’est pas mon cas. Si je prends le portait d’une jeune népalaise sur lequel je travaille ; je passe des heures à passer et repasser sur les ombres du tissus, les traits de son visage, le fond. Je ne suis pas satisfaite. J’applique des glacis, je pose des lumières, j’efface ou je recouvre. Et entre chaque couche, chaque glacis, j’attends. J’ai certainement passé déjà une quinzaine d’heures sur le tableau et je suis loin d’être satisfaite. Je prends le temps. Dans un monde ou tout va très vite, ce temps est un véritable luxe. Je profite du « voyage » jusqu’à ce que le tableau ne m’appelle plus (cf. l’article « Achever une œuvre » du blog : https://jinspir.fr/achever-une-oeuvre/). Je passe ainsi de moments de Flow, absorbée par l’acte de peindre où je vibre lorsque je sens la toile évoluer, à des moments de doute et d’insatisfaction. Et je persévère. Pour quelqu’un comme moi qui a tendance à allez vite et courir, cette lenteur imposée est une expérience.

Les bénéfices de la lenteur :

Pour l’œuvre :

• Profondeur
• Couleurs plus vibrantes du fait des nombreuses couches de glacis superposées et que notre œil retranscrit.
• Rendu plus abouti

Et pour moi-même :

• Prise de recul et réflexion au fur et à mesure de l’avancement du projet
• Calme et sérénité (entre deux moments d’agacement !)
• Renforcement de mes capacités de concentration
• Persévérance et courage affutés
• Satisfaction finale décuplée !